Je constate que les préoccupations ferroviaires normandes rentrent vite dans le champ politicien des campagnes électorales à venir.
Des élus du sud Manche UMP après des incidents regrettables sur un TER entre Caen et Rennes, fustigent sans distinction la région et la SNCF. Le président de la Chambre de Commerce de Caen, prend la parole pour demander sans délais la privatisation de la ligne Paris Caen Cherbourg. Dans le pays d'Auge les élus UMP tout émoustillés par la perspective du "pôle métropolitain" autour du Havre commencent à expliquer a demi -mot que sans le Président Sarkozy et ce "pôle métropolitain ", la LNPN ( Ligne nouvelle Paris Normandie ) n'existera pas . Ils s'empressent au passage de mettre en parallèle la position négative des "verts " sur ce sujet avec la question du nucléaire, dans leur opposition au PS et au projet.
La tonalité est donnée.
Les usagers sont tellement excédés dans ce désordre ferroviaire que les élus de droite défendant sans détail la politique du Président Sarkozy, tentent de récupérer le malaise à leur profit et de mettre en difficulté la gauche à la Région. C'est de bonne guerre dira-t-on !
La gauche va donc devoir répondre et passer elle même à l'offensive : je veux y contribuer.
Je rappelle ainsi que c'est à la suite de mon coup de gueule du 9 janvier 2009 (refus de payer la SNCF suite aux égarements de son exploitation hivernale ) que la pression est montée et que la mobilisation des élus à abouti à la mise en place d'un "plan rail 2020 "(plan rail 2020 qui a été adopté en Assemblée régionale le 25 juin 2009) (actuellement en révision) et à la venue le 6 avril 2009 du ministre Dominique BUSSEREAU , à Caen. Il a annoncé des mesures très positives pour les lignes normandes.
Une association " Normandie Grande Vitesse " a été crée le 10 avril 2009 (co-présidée par le député UMP Jean Yves Cousin et moi-même) et une pétition a été lancée le 31 janvier 2009 depuis Cherbourg à l’occasion de la cérémonie des vœux avec Bernard CAZENEUVE , député maire PS , pour moderniser la ligne Paris Caen Cherbourg . La Région a lancé une commande (septembre 2009) de 15 rames Régiolis (financement 100 % Région) sur Paris Granville et s'est mobilisée pour créer un nouvel aller retour sur Caen Rennes.
Ce n'est qu'après cette séquence que le Président Sarkozy a permis de donner une autre perspective à nos lignes normandes avec le projet LNPN , d'abord annoncé pour le Havre puis corrigé en faveur de Caen et Cherbourg suite à notre demande le 26 avril 2009 .
Mais chacun le sait sans les régions dans leur mobilisation et leur stratégie financière de long terme, rien ne se fera. J'ai déjà annoncé en octobre dernier la capacité de la Région Basse Normandie à mobiliser sur 15 ans 400 à 500 millions d'euros ! Qu'entends- je à ce propos de la part du gouvernement ?
Je veux aussi dénoncer l'invraisemblable cacophonie qui existe sur les questions ferroviaires entre l’Etat, devenu peu avant le départ de Mr BUSSEREAU , autorité organisatrice des transports ( pour les grandes lignes ) la région, dans le même statut ( pour les lignes régionales ) , la SNCF exploitant et RFF endetté mais seul propriétaire des infrastructures. Il est devenu impossible de discerner clairement pour les usagers le qui est responsable de quoi !
Enfin vouloir faire croire qu’en privatisant l'exploitation des lignes, c'est à dire en expulsant la SNCF de sa mission de service public, on règlera par un coup de baguette magique les difficultés quotidiennes, est une escroquerie intellectuelle. Il faut rappeler que ces difficultés parmi les plus fréquentes et les plus graves sont dues à des infrastructures ferroviaires saturées (comme par exemple en Ile de France dans l'entrée vers Paris à Mantes ou à Versailles) . L'absence de tout investissement massif depuis 10 ans sur ces infrastructures par l'Etat ( RFF) abouti à ce résultat . Les régions " rament " pour apporter secours à RFF en finançant dans des conditions parfois très généreuses et toujours précipitées des actions décisives. Je cite par exemple en Basse Normandie, le rétablissement partiel de la "deuxième voie " supprimée avant 2004, sur Paris Granville ou bien la prochaine suppression de passages à niveau avec des dotations de RFF limitées à 40 % du coût. Je pourrais aussi indiquer la mise en accessibilité des gares ou les moyens d'exploitation dans ces mêmes gares des rames !
Mais je ne protège pas pour autant la SNCF. Ne pas pouvoir remplacer un conducteur soudainement indisponible ou ne pas savoir rajouter une ou deux dans les moments prévisibles de forte circulation est condamnable. La SNCF doit se réformer vite si elle ne veut pas périr dans cette situation de crise générale !
J'en appelle donc à la raison. Il faut respecter les usagers en leur disant la vérité. Pierre MOURARET, Vice Président va d'ailleurs les réunir bientôt pour leur tenir ce discours. Je veux mettre en garde contre la démagogie ambiante de la droite au pouvoir depuis 10 ans. Je veux proposer les changements à adopter pour cesser cette cacophonie du système ferroviaire français, qui se délabre faute de grande politique nationale et d'une coopération confiante avec les régions.
Rappel des dates :
- 9 janvier 2009 : Suspension des paiements à la SNCF par la Région
- 31 janvier 2009 : Lancement de la pétition « pour une normandie à grande vitesse) par Bernard Cazeneuve et Laurent Beauvais.
- 6 avril 2009 : Venue de Dominique Bussereau à Caen pour la présentation du « Plan Bussereau » sur la ligne Paris-Caen-Cherbourg.
- 10 avril 2009 : Lancement de l’association « pour une normandie à grande vitesse », co-présidée par L Beauvais et JY Cousin
- 26 avril 2009 : Annonce par N Sarkozy du projet LNPN
- 25 juin 2009 : Adoption du plan rail 2020 en Assemblée régionale
- Septembre 2009 : Commande des rames Régiolis pour le Paris-Granville