L'édition ORNE du Journal Ouest France publie un papier intéressant faisant suite à la sortie des derniers chiffres du recensement. Plusieurs personnalités sont consultées sur le thème : "Quels remèdes pour l'Orne ? "
L'Orne est donc malade ! Oui évidemment et depuis si longtemps, cette maladie ne date pas d'hier, puisque cette baisse de population est une tendance plus qu 'un accident ponctuel.
Je me permets de m'inviter dans ce débat et je formule quelques remarques :
- Tout d'abord je pense qu'il ne faut pas faire croire que ce département s'en sortira tout seul. Dans l'Orne les responsables ont parfois une attitude d'autosatisfaction un peu désuète. Il faut coopérer en tout premier lieu avec les autres collectivités voisines et se doter, comme le dit Nathalie Goulet, d'une stratégie concertée. J'ai la faiblesse de penser que la convention passée entre le département de l'Orne et la Région en 2008 va dans ce sens et que l'on peut certainement aller plus loin. Mais nous sommes en période électorale ! Les sujets sont nombreux dans cette convention : le Haras du Pin, les routes, la formation, l'économie avec la logistique... Il y manque toutefois le très haut débit. Alors que je viens de délibérer à la Régon pour passer une nouvelle convention avec la Manche et que je m'apprête à le faire avec le Calvados, il faut que l'Orne participe au projet régional : "Basse-Normandie Numérique pour tous".
- En second lieu, je crois que l'on ne peut pas bâtir un projet départemental en misant sur la beauté du cadre de vie et l'appel à venir ici pour y vivre bien... mais de quoi ? Je crois qu'il faut tabler à la fois sur cette attractivité résidentielle (mais à condition que la mobilité soit assurée : là aussi la première priorité c'est le ferroviaire Paris-Granville et la Nationale 12 , mais qui paye ? ) ainsi que sur l'attractivité économique. Je pense que "nous " (Région, Département, Collectivités locales et Etat ) avons fait plus en quelques temps dans ce sens en soutenant IMV à L'Aigle, Matfer à Longny, Thyssen au Theil, Faurecia à Flers ou bien encore Partner logistic à Argentan. Il faut rappeller que l'Orne dans son histoire et donc dans son identité est à la fois une région rurale mais aussi une région industrielle ! Il faut montrer de l'intérêt et donc du volontarisme pour "réindustrialiser l'Orne" avec une politique d'innovation, de recherche de la valeur ajoutée, d'export et de soutien pour les PME qu'il faut faire grossir et à qui il faut donner des moyens de plus grande autonomie par rapport aux donneurs d'ordre. Cette orientation stratégique doit également prendre en compte l'économie des services "cognitifs" et "collectifs", publics et privés, "immatériels" (recherche, conseil et formation) qui ont un potentiel pour un territoire en terme de valeur ajoutée mais aussi de stabilité.
- Il doit aussi être question d'agriculture ! Je suis surpris qu'il n'en soit pas parlé.C'est un vrai sujet pour l'Orne. Le productivisme et le libéralisme ont "déconstruit" l'agriculture ornaise. Que fait-on aujourd'hui ? Quelle agriculture (débat agriculture conventionnelle/agriculture bio) ? Comment allège-t-on les charges à défaut de pouvoir agir sur les prix ?
- Le Préfet de l'Orne l'indique, il ne faut pas négliger les politiques culturelles et la formation. Des exemples récents et nombreux (du côté des actions très soutenues ou initiées par la Région ) montrent que l'effort peut être amplifié collectivement en direction de tous les publics (musiques actuelles à Briouze ou Ciral, salles de spectacles comme le Quai des Arts à Argentan ou la Luciole à Alençon, relais culturels de Flers, Argentan, St Céneri, nouvelle saison culturelle à l'Aigle, présence des arts florissants à Mortagne et soutien au Septembre Musical...). En matière de formation, c'est bien entendu là aussi une priorité partout et dans tous les domaines ; je veux simplement rappeller le lancement de la nouvelle formation d'ingénieur autour de Faurecia, nos projets au Pin avec la fillière équine et l'indispensable développement du pôle universitaire de Damigny C'est donc aussi la question des jeunes. L'Orne doit construire sa statégie pour l'avenir en mettant la priorité sur les jeunes.
- Enfin il va falloir que l'on en finisse avec ce débat ancestral entre villes et monde rural et cette opposition entretenue et qui nous tire vers le bas. Les vrais enjeux pour réussir doivent ainsi porter sur une nouvelle carte de l'intercommunalité, non pas contre les villes (on me cite beaucoup en ce moment l'évident regroupement intercommunal autour d'Argentan qui pourrait être combattu par des velléités de regroupement sur son flan ouest rural ! ) mais par une meilleure solidarité entre villes et zones rurales. Les Pays de l'Orne tentent avec difficulté cette solidarité mais on parle de les supprimer !
"Tous ensemble" et avec un esprit ouvert et innovant nous pouvons apporter des "remèdes" pour faire bouger l'Orne. J'en suis convaincu.