L'intercommunalité sera le sujet majeur de l'année 2011 pour beaucoup d'élus.
Tout le monde en parle depuis que la loi sur les collectivités a été votée. Cette loi je la condamne pour ce qui concerne ses dispositions relatives aux rapports entre les Régions et les Départements ainsi que les Pays, mais je l'approuve concernant l'intercommunalité.
Le Préfet de l'ORNE est muni d'une feuille de route sur fond de rendez-vous électoraux en 2011 (cantonales et sénatoriales) puis en 2012 (présidentielles et législatives) pour engager la refonte de la carte de l'intercommunalité dans l'Orne. En outre les élus départementaux et régionaux, si rien ne change en 2012, vont se trouver en compétition très vite sur le découpage des futures circonscriptions territoriales qui vont succéder aux cantons pour les élections des conseillers territoriaux en 2014 (je ne reviens pas sur l'imbécilité de cette réforme). Et je pourrais parler des SCOT aussi qui vont devoir être mis en place sur des territoires qui vont épouser la carte des nouvelles intercommunalités (ou l'inverse ! ). Les Pays se trouvent mis sur le côté mais avec beaucoup d'hypocrisie on n'en parle pas, car il y a des moyens à négocier avec la Région et l'Etat pour la seconde partie du volet territorial du CPER. Il va falloir aussi installer la nouvelle commission départementale de l'intercommunalité. Des cartes circulent sous le manteau, certains les ont, d'autres les cherchent !
Quel paysage !
C'est pourquoi les grandes manoeuvres ont commencé. Comment s'y retrouver ? Comment espérer un peu de transparence ? Comment les citoyens vont pouvoir comprendre et participer à ce qui pourrait apparaître comme uniquement une "affaire d'élus locaux" alors que les enjeux sur la vie quotidienne sont légion dans cette affaire.
Je dicerne plusieurs positionnements :
- Les maires qui ne sont pas présidents d'intercommunalités mais qui jouent un rôle important sur ces territoires vont-ils jouer le jeu ou faire de la résistance au nom de la légitimité électorale reçue en 2008 ?
- Les présidents d'intercommunalités qui ne sont pas maire vont-ils à l'inverse plaider cette réforme en évoquant la raison et la solidarité ? Car il leur faut asseoir leur responsabilté politique, évidemment.
- Les intercommunalités rurales vont-elles vouloir rester "entre elles", refusant de rejoindre les intercommunalités urbaines ? Je prends connaissance des déclarations de Philippe BIGOT, président de la CDC de la vallée de la Risle (Ouest France du 30 décembre) : c'est un chef d'oeuvre ! On refuse d'aller coopérer avec les villes car elles ne maîtrisent pas "la spécificité rurale" et "leurs finances sont fragiles" (et pour cause ce sont elles qui se prennent toutes les charges de "centralité" dont profitent tous les habitants des communes rurales avoisantes ! ). Edifiante position mais partagée par de nombreux autres élus.
- Les intercommunalités "urbaines" vont se demander comment leur "élargissement" va se traduire, y compris sous l'aspect politique, car dans l'Orne, certaines d'entre elles et notamment les plus importantes sont dirigées par des élus de gauche ou par des élus non UMP, et l'on voit poindre les tentations de renverser les rapports de forces (le cas d'Argentan va être exemplaire à plus d'un titre ! ).
- Et puis il va y avoir ceux qui vont se sentir "déchirer" entre deux polarités urbaines avec différenciation politique. Je regarde ainsi avec intérêt ce qui se passe sur la CDC de Mortrée, que je connais bien, dans ses choix entre Sées et Argentan.
- Les conseillers généraux en renouvellement en Mars vont certainement se faire discrets. Les nouveaux candidats (pour un mandat de 3 ans) vont peut-être eux devoir devoir s'exprimer clairement ! Les 3 députés selon leur situation de mandats ou selon leur perspective pour 2012 vont devoir assumer cette loi mais aussi répondre aux sollications des élus locaux "amis". J'imagine déjà ici ou là "leur influence". Il ne reste dans l'Orne qu'un sénateur qui va peut-être devoir écouter ces débats, libre de tout autre mandat et candidate en septembre. Elle sera sera au coeur de ces questions du fait de sa qualité de "représentante" des collectivités ornaises au Sénat.
- Une question cruciale car très politique va être de savoir si la carte intercommunale va épouser ou pas en même temps les futures circonscriptions électorales de 2014.
Donc tout ceci va être très politique !
En fait je retrouve beaucoup de l'état d'esprit qui avait prévalu au début des années quatre-vingt-dix quand l'intercommunalité a été mise en place, par le préfet de l'époque, avec les résultats que l'on sait. Maire adjoint d'Argentan, j'ai vécu celà avec "émotion" ! Un certain esprit "de clocher" réapparaît, cette fois-ci concrétisé autour des intercommunalités rurales et la peur de la gauche revient, comme à l'époque, pour refuser de rejoindre des intercommunalités proches et urbaines. Certes beaucoup d'esprits ont nénamoins évolué et je m'en félicite, mais...
Il va falloir donc être serein et vigilant, convaincant et bien organisé, pour maîtriser ces questions. C'est dans cet état d'esprit que je me situe en ce 1er janvier.
2011 est l'année du 10ème anniversaire de la CDC du Pays d'Argentan ! Quelle belle occasion pour moi de parler vrai et fort avec mon expérience de dix ans (des désastres industriels à la pelle, mais des pistes de redressement en cours ! ) et mes convictions.