Le rapport "Roussely" rendu au Président de la République, à propos de la politique nucléaire française et dont une version "courte" a été commentée par la presse récemment, traite de la construction de l'EPR à Flamanville (Manche), du stockage des déchets à la Hague (Manche), mais aussi du projet d'un nouvel EPR à Penly (Seine-Maritime).
La Normandie nucléaire est donc mise en avant dans la problématique, à mon sens bien peu transparente, de la politique nucléaire française.
La construction de l'EPR à Flamanville prend du retard et augmente en coût (près de 5 milliards d'euros contre 3 initialement prévus ! ) mais on s'interroge aussi sur la sûreté de cette centrale(cf. les rapports de l'Autorité de Sureté Nationale). La question peut également être posée de la nécessité de construire une nouvelle tranche à Penly. Le débat public est en cours, mais que va apporter ce nouvel EPR ? Enfin le stockage des déchets à vie longue à la Hague reste problématique tant que la France (contrairement à la Suède) n'aura réussi à gérer la question des sites pour un stokage profond.
Les opposants au nucléaire, je n'en suis pas, tirent profit de ces difficultées et de ces zones d'ombre de la politique nationale (toujours pas de débat public au parlement ! ) pour renforcer leur problématique.
Jamais dans le passé nous n'avons eu en région de vraies réflexions sur la territorialisation de ces investissements dont l'intérêt et la signification dépassent et de loin, les problématiques régionales. Pourtant les responsables politiques normands passés ne me semblent pas avoir su "négocier" les contreparties de ces infrastructures qui posent tant de questions aujourd'hui (et je ne parle pas de la sinistre gestion de la ligne THT).
Retard en matière routière, retard en matière ferroviaire, pas de politique industrielle pour relever le vieux modèle hérité des années cinquante (celles de la décentralisation économique du début des trente glorieuses) ni de politique maritime comme on peut le regretter à l'heure dela mobilisation sur le "Grand Paris".
Les gouvernements, de droite comme de gauche, n'ont pas noué avec la Normandie (certes divisée) comme avec la Bretagne (bien unie, elle) des politiques de développement qui "accompagnent" l'arrivée du nucléaire, à défaut de le faire accepter.
Le meilleur exemple est par exemple l'électification encore très incomplète du réseau ferroviaire.
Demain, si l'on veut donner à la Normandie un vrai projet pour son développement durable, il faut mettre à plat cette question et gérer les perspectives. Je pense en matière nucléaire qu'il ne faut plus en "rajouter" et plutôt gérer la stabilité, voire le repli à échéance de 50 ans, et construire par exemple dans cette belle région nucléarisée un plan exemplaire et normand de développement des énergies renouvelables.
Nous devons aussi valoriser en les diversifiant nos compétences scientifiques techniques et industrielles pour anticiper ces évolutions et préparer une contribution à une nouvelle politique énergétique française. La création du pôle normand des sciences physiques nucléaires va dans ce sens.