Les occasions sont nombreuses de rencontrer les élus locaux à la suite d'inaugurations de projets menés par des communes ou des intercom (la Région soutient notamment beaucoup de projets comprenant une forte dimension de développement durable).
Les discours sont le moment de l'expression des élus. Je suis frappé de voir que tous les élus locaux, mais aussi les conseillers généraux et les parlementaires sont opposés aux réformes du Président Sarkozy.
Deux exemples récents à St Manvieu Norrey et à Magny la Campagne : la Présidente du Conseil général du Calvados, Mme d'Ornano ou bien encore le député Claude Leteurtre qui s'indignent devant les conséquences négatives pour les collectivités de ces réformes en cours (taxe professionnelle, abandon de la clause de compétence générale et création des conseillers territoriaux).
Je suis amusé, notamment quand il faut que je leur succcède pour intervenir au nom de la Région. J'applaudis à leurs propos et enchaîne dans la critique comme sur un boulevard ! Mais moi, je suis à gauche et je plaide pour des réformes plus justes et moins pénalisantes pour les ménages bas-normands. Je suis aussi inquiet pour la démocratie car les parlementaires de la majorité UMP ne peuvent être contre sur le terrain et voter à Paris sous la pression des appareils politiques ! Où va-t-on ? Qui dit la vérité et qui respecte les citoyens ?
Devinez de quoi je parle ? Après avoir expliqué que la Région avait soutenu la création de la salle multi sports de l'intercom à St Manvieu Norrey, notamment dans sa dimension de développement durable (une chaudière bois déchiqueté), j'explique après Mme d'Ornano, très courageuse et constante dans ses critiques, que la réforme de la taxe professionnelle dans sa version actuelle va priver la Région de capacités financières importantes pour aider les collectivités locales.
C'est clair! Avec cette histoire de conseillers territoriaux, on en revient à l'époque des EPR (pas les nucléaires que nous allons hélas avoir ici) mais les Etablissements Publics Régionaux peuplés de notables sous le regard sourcilleux du préfet: un recul de 40 ans dans le processus de décentralisation que je prenais moi, grand naif que je suis, pour une progression irréversible vers la régionalisation (le fameux acte 3 de la farce qu'on nous joue actuellement!).
C'est d'autant plus regrettable que ce retour aux années 1960- 1970 me rappelle un souvenir bien désagréable: c'est précisément l'époque où la Normandie a été cassée en deux!
Avec la question de la suppression de la taxe professionnelle (l'impôt qui était le plus au service des... entreprises) se pose la question même de savoir si les collectivités territoriales qui contribuent à près de 70% de l'effort d'investissement public dans ce pays en préparant l'avenir (alors que l'Etat endette la France et les Français pour sauver les amis de Monsieur Pebereau... de la crise financière mondiale qui n'a pas dit son dernier mot!)... peuvent avoir un tant soit peu de responsabilité financière! Avec ce projet, elles n'auront plus quasiment aucune maîtrise de ressources fiscales ou financières propres et bien que cela soit désormais inscrit dans le marbre de la Constitution, la compensation par un Etat impécunieux (le service de la Dette, 3ème budget de l'Etat) au centime près, personne n'y croit !!
Je crois qu'il faut dorénavant enclencher des systèmes de résistance: la légitimité dite "républicaine" a bon dos surtout lorsqu'on observe ce qui se dit et se fait au plus haut sommet de l'Etat!
Et ici, nous avons donc deux urgences difficiles mais incontournables pour sauver l'avenir:
sauver l'institution régionale et sauver... la Normandie, en même temps!
Rédigé par : CLERIS | 26 novembre 2009 à 23:13