Les travaux récents du professeur Gilles Eric SERALINI portant sur les OGM provoquent un vrai débat. Son appartenance à l'Université de CAEN Basse-Normandie d'une part et d'autre part les positions prises par le Conseil régional dès 2004 sur la question des OGM, ne peuvent laisser indifférent le responsable politique que je suis.
Il y aura un avant et un après ce coup de semonce, et pas seulement en France. Récemment, sur France Culture, j’entendais Stéphane Le Foll, Ministre de l’agriculture, appeller à faire évoluer le droit européen régissant les autorisations des semis d’OGM, ainsi que les critères et les protocoles d’autorisation des OGM.
Le Ministre emboitait le pas aux organismes sanitaires français (Haut Conseil des biotechnologies, Agence française de sécurité sanitaire). Ces organismes ont certes réfuté, lundi 22 octobre, les conclusions des travaux du Pr SERALINI sur la toxicité d'un maïs OGM produit par Monsanto, pour éléments de preuves insuffisants. Mais ils ont également recommandé l’allongement des études sur les effets à long terme de la consommation d'OGM !
Ces dernières années, les exemples de cas où la science a été bousculée, voire malmenée, ne manquent pas. Parfois défaillantes, les institutions scientifiques et les agences sanitaires ont également été soupçonnées de collusion avec l’industrie. En somme, face à la science, le citoyen est passé de la confiance à la défiance. Dès lors, comment faire ?
Les citoyens doivent se réapproprier la science, aux côtés des experts.Ce qui est loin d' être aisé. En tant que Président de Région, j’ai commandé au CESER de Basse-Normandie, une étude sur la Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CSTI), dont l’avis a été adopté en ma présence la semaine dernière. La CSTI regroupe l’ensemble des modes par lesquels un individu ou une société s’approprie la science et la technologie. Les outils sont connus : éducation, formation tout au long de la vie, création de synergies entre les acteurs concernés (recherche, enseignement supérieur, Education Populaire, Musées, collectivités territoriales…).
http://www.ceser-basse-normandie.fr/
Mais réappropriation démocratique signifie aussi financement public d’études scientifiques indépendantes. Car si l’étude du professeur SERALINI peut être considérée comme imparfaite, elle l’est d’abord faute de moyens suffisants. La démocratie a un coût : la puissance publique doit faire jeu égal avec la puissance financière de l’industrie. La France consacre à peine 2,3% de son PIB à la recherche publique loin de l’objectif européen de 3%. L’effort à fournir reste considérable.
La médiatisation de l'étude du professeur SERALINI n' a pas joué en sa faveur , mais elle oblige les pouvoirs publics a faire des propositions pour assurer que des recherches indépendantes peuvent être menées , dans ce domaine de la santé publique , comme dans d'autres et qu'un débat transparent et contardictoire peut être conduit .
la lecture du dossier de Libération du mardi 23 octobre dernier est très utile à consulter . On y trouve notamment une interview du professeur SERALINI.
http://www.vosbooks.net/tag/journal-liberation-du-mardi-23-octobre-2012
Je vous conseille aussi la lecture de l'ITW de Corinne Lepage
http://www.20minutes.fr/article/1031274/corinne-lepage-on-fait-croire-unanimite-contre-letude-seralini