J’ai eu le plaisir de parcourir notre région pour soutenir nombre d’amis candidats lors de ces élections cantonales. Beaucoup ont été élu ou réélu, d’autres ont créé de belles surprises, certains ont malheureusement échoué, cette fois-ci. Je les félicite tous, pour leur campagne et leur courage !
Après l’élection, la Région va continuer à œuvrer avec les départements pour améliorer la vie des bas-normands.
Sur le plan politique, je tire 3 enseignements du résultat de ces élections cantonales en Basse-Normandie.
Les spécificités des élections cantonales (découpage des cantons, scrutin majoritaire à 2 tours, personnalisation de la campagne) conduisent souvent à une reconduction des sortants et à une relative stabilité des majorités départementales.
C’est le cas dans notre région. Les 3 départements restent dirigés par la droite. Le partage du nombre de conseillers généraux entre gauche et droite demeure stable, même si la gauche gagne un canton.
Cette stabilité cache toutefois une évolution de long terme plus discrète : la poussée à gauche est perceptible dans les 3 départements.
La répartition entre conseillers généraux de gauche et de droite élus en 2011 (25 de gauche et 44 de droite) ne reflète certes pas les 48% de voix obtenues par la gauche au 2nd tour.
Mais nombre de cantons ont connu un 2nd tour plus serré qu’à l’accoutumé (Dozulé, Falaise-Sud, Le Theil), un ballotage inédit (Percy, Domfront, Lisieux 1) ou un score de gauche élevé au 1er (Passais) aboutissant parfois à l’élection surprise d’un candidat de gauche (Sourdeval, Le Teilleul). Et une nouvelle génération de candidats de gauche, plus jeunes, a émergé, bousculant ou recalant des sortants de droite. C’est prometteur. L'objectif de remporter le département du Calvados était peut être ambitieux , je constate que les résultats sur Caen et son agglomération révèlent également cette stabilité .
Le poids de l’abstention et du FN se fait moins sentir en Basse-Normandie qu’ailleurs. Le FN y fait au 1er tour un score inférieur à son score national (9,1% contre 15,2%), sauf dans l’Orne. L’abstention est inférieure de 2 points au taux national. Il n’empêche…
Les racines de ces maux sont connues : une partie des citoyens constate l’indifférence ou l’impuissance de leurs représentants politiques nationaux et de l’Etat face aux difficultés et aux injustices économiques et sociales.
On ne répondra pas à cette expression électorale par des arguments moraux (« le FN ce n’est pas bien») ou autoritaires (rendre le droit de vote obligatoire pour lutter contre l’abstention). La gauche en particulier doit apporter des réponses. Les socialistes doivent prouver que l’action publique peut transformer la réalité économique, sociale, que l’Etat ou l’Europe peuvent agir, que l’existence de services publics modernes est possible.
La gauche doit rendre possible le changement. Et c’est urgent !
L'un des enjeux pour l'après 2012 serait une reconstruction des solidarités républicaines sur la base des collectivités territoriales dans le cadre d'un véritable achèvement de la décentralisation: la Normandie par sa géographie, son histoire et ses expériences pourrait être un territoire pilote en France pour un nouveau modèle de développement territorial moins centralisateur, plus coopératif, plus participatif et solidaire avec une qualité de vie à valoriser par et pour une population plus que jamais attachée à un territoire et à la défense de valeurs ignorées par la "jet set"...
Emmanuel Todd faisait à peu près le même constat l'autre matin sur France Inter: le mépris des réalités populaires françaises par les élites ou la manipulation du ressentiment désormais profond de nos concitoyens pour la chose publique à des fins bassement électoralistes (cf l'apprenti sorcier Patrick Buisson dans Paris-Match sur la France des "usines et des clochers")risque de devenir politiquement dangereux: à force de chasser l'électeur on fait fuir le citoyen (pour reprendre la formule du médiateur de la République) jusqu'à quand?
Doit-on vraiment attendre la fin des primaires socialistes pour le savoir?
Rédigé par : Philippe CLERIS | 01 avril 2011 à 17:23