Je serai comme chaque année au Salon de l'agriculture mardi prochain avec Alain LE VERN, mon collègue et ami haut-normand.
Bien entendu ce salon, évènement devenu incontournable, est le lieu et l'occasion de parler de l'agriculture d'aujourd'hui et de demain.
Je m'interroge beaucoup sur ce que j'entends, lis ou vois à ce propos.
On dit qu'il faut préserver l'environnement ; on dit qu'il faut être compétitif (comme l'Allemagne ? ) ; on dit qu'il faut promouvoir le modèle d'exploitation familale ; on dit qu'il faut faire attention au foncier ; on dit que l'agriculture souffre des règlements administratifs ; on dit qu'il faut l'argent de l'Europe tout en maudissant ses contraintes. Il faut rémunérer le lait, la viande mais les prix des produits finis sur les rayons des grandes surfaces eux ne peuvent être augmentés tant le pouvoir d'achat est faible! etc. ! Les contradictions sont nombreuses, les intérêts des uns et des autre n'ont jamais été autant opposés.
Honnêtement je suis un peu perdu !
Mon inclinaison première serait de plaider "un autre modèle", moins productiviste (car il faut avouer que la crise du monde agricole repose sur les dégats de ce modèle productiviste hérité des années soixante dix), respectueux de l'environnement et porteur de valeurs de développement solidaire et durable. "Réagricoliser" les territoires, c'est-à-dire stopper le mouvement de concentration des exploitations et favoriser la diversification des activités me paraît un objectif politique salutaire.
Mais comment faire ?
Je vois la réalité sous mes yeux faite de mondialisation et de déclin de la citoyenneté. Comment agir pour enclencher le changement ? Comment tenir dans cet univers de compétition effreinée ? Comment résister et être compris dans ce monde de communication possédé par ceux qui dominent ? Comment les agriculteurs eux-mêmes avant tout peuvent se mobiliser sans se diviser pour tracer un chemin ?
Je ne suis pas pessimiste, car il faut continuer à croire que quelque chose d'autre est possible. Quelque chose de différent de ce que le Danemark ou l'Allemagne ont fait en nous "dépassant" dans leurs performances (qui ne sont qu'économiques ! ) et que l'on nous met sous les yeux quotidiennement. Quelque chose de différent que ces agissements insupportables du Président Nicolas Sarkozy mis sous nos yeux hier encore lors de sa visite ! Démagogie et bravade ne peuvent suffire comme projet politique.
Je conseille, entre autres,la lecture d' un article du Monde du samedi 19 février : "le modèle agricole français peut-il devenir compétitif ?".
"Au boulot les socialistes !" pour faire mieux, pour proposer du sérieux, du solide. Dans les Régions nos trop faibles moyens ne permettent pas de lancer de vraies alternatives. Je le regrette.
Bon courage en effet car les contradictions décrites ici ont des conséquences sociales explosives dans les campagnes.Une piste ? nous avons, en Normandie, près de 13 AOC ou labellisations et un début de prise de conscience des consommateurs urbains pour préférer le "BIOCAL"...à condition de prendre le temps de s'intéresser de façon globale au problème de l'alimentation, bref d'être enfin un peu citoyen et aussi d'en avoir les moyens (intellectuel et financier)...
Justement pouvez-vous préciser ce qui est fait dans les cantines des lycées de la région afin de sensibiliser les jeunes au problème de l'alimentation ?
Rédigé par : Isabelle Polonio | 20 février 2011 à 20:38