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10 mai 2009

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Philippe CLERIS

Notre région a besoin de grands projets culturels, sportifs ou festifs pour mettre en valeur le potentiel magnifique d'une Normandie, bien public universel qui a une réputation internationale.

Jacques LEVY, un géographe dit que pour habiter quelque part il faut y croire et un proverbe dit que la Nature a horreur du vide: si on a à faire au projet du Grand Paris version Grumbach c'est que les propositions ou le projet en Normandie ont été notoirement insuffisants dans les 20 dernières années: la division administrative et la querelle stérilisante entre Caen et Rouen ne sont pas étrangères à ce désastre!

Alors, il ne faudrait pas que certains "responsables" justement, notamment à ... droite, confondent les causes avec les conséquences à l'instar de Monsieur Grumbach qui s'emmèle, quant à lui, les crayons entre la géographie et ses cartes faute de connaître en profondeur la géo-histoire normande de la Basse Seine!

Pour Messieurs Lambert et Augier qui ont visiblement la mémoire courte et surtout pour Mme Ameline qui trépigne devant cette "nouveauté" parisienne proposée par MM Sarkozy et Grumbach, j'aimerais rappeler certains faits précis:

Dès 1972 le radical socialiste Gustave HEON, président du CG de l'Eure alerte sur les conséquences néfastes de la division normande qui vient d'être réalisée: il va se heurter à Jean Lecanuet à Rouen et à Jozeau-Marigné ici en "Basse" Normandie

Dès décembre 1972 le géographe et démographe Jean-François GRAVIER écrivait un article sur une métropole normande en réseau

L'année 1973 est catastrophique: la querelle normande est telle que le Gouvernement doit surseoir en Normandie la mise en oeuvre des nouveaux Etablissements Publics régionaux à cause de la querelle entre JM Girault et Jean Lecanuet sur le thème déjà usé de la capitale régionale. L'Etablissement Public Régional de Haute Normandie ne fonctionne pas car les élus de l'Eure refusent d'y siéger. Paris-Normandie titre le 28 mars 1973: "on n'aurait jamais dû séparer les deux Normandie"

Donc, il faut le rappeler pour Philippe AUGIER, la division normande est entérinée par deux barons centristes: Girault et Lecanuet avec la complicité active du Gaulliste conservateur (un mot qui commence très mal...) Jozeau-Marigné premier président de l'Etablissement Public Régional de Basse Normandie.

Le 5 février 1974, Alain Peyrefitte, ministre chargé de la réforme administrative et agaçé par la querelle normande crée une commission ad hoc qui se fixe comme objectif de commander... un rapport sur les avantages et les inconvénients d'une fusion régionale normande!

Le 2 juin 1975 (ça c'est pour Alain Lambert...) le président Jozeau-Marigné sabote la réunion de la dernière chance alors que Jean Lecanuet était enfin d'accord pour faire la politique des petits pas par des coopérations concrètes entre les deux Etablissements Publics Régionaux...

La grève des élus de l'Eure continue de paralyser l'EPR de Haute Normandie et Jean-Marie Girault maire de Caen est même appelé pour faire une médiation!

Fin 1975: ce n'est pas moins de 10 assemblées ou commissions qui s'occupent de trouver une solution au problème normand! (les 5 CG; les 2 EPR; une commission interrégionale des coopérations; la comission paritaire de réconciliation entre Haut-normands; et la commission qui étudie la fusion régionale
normande!)

En 1979 le nouveau président de l'"EPR" de Basse Normandie, le docteur GERMAN, maire de Falaise essaye de débloquer la situation en proposant des coopérations entre les deux régions et en février 1980 une conférence réunie à Caen propose des réunions régulières communes entre les deux EPR pour évoquer l'estuaire, les ports et routes, l'économie, la recherche et la formation, la culture et le tourisme)

Arrive 1981 et la victoire de la Gauche qui porte un grand projet de décentralisation: les EPR sont transformés en Conseils Régionaux avec la loi Deferre de 1982 qui leur donne des compétences autrefois réservées aux seuls Préfets. Jean Lecanuet relance le thème de la réunification avec Rouen pour capitale mais il va se heurter au mur Michel D'Ornano.

Déjà! le 31 janvier 1985, un certain Antoine RUFENACHT, déjà auteur... en 1974! d'un livre blanc sur la réunification normande, organisait un colloque au Havre sur le thème "La Normandie un enjeu national": but avoué, réconcilier MM. d'Ornano et Lecanuet. Echec! Rufenacht crée l'association "Normandie-Horizon 2000" avec le même but: même résultat!

Un député UDF de la Manche, Jean-Marie Daillet répond à l'initiative de Rufenacht: "Otez le Haut nous enlèverons le Bas!"

Le 14 février 1985, dans la perspective prochaine des premières élections régionales au suffrage universel direct, un article du Figaro (Daniel Seguin) appelle MM d'Ornano et Lecanuet à se réconcilier
car Laurent FABIUS (qui fut un éphèmère président du CR de Haute Normandie en 1981 et 1982) aurait l'intention de créer "une grande région normande à gauche" pour contrecarrer les conseils généraux qui
restent à droite.

1986: premières élections, la droite est rassurée puisque René Garrec s'installe à la présidence du CRBN et Roger Fossé à celle du CRHN avec l'appui du Front National face une assemblée régionale majoritairement de gauche...

1987: Lecanuet relance le dossier de la réunification à l'horizon 1992 mais il va se heurter à ... René Garrec

C'est pourquoi, le 18 janvier 1988 le conseiller général PS de l'Eure, Francis Courel, a cru bon de rappeler dans les pages de Paris-Normandie: "que les pompiers de la réunification n'oublient pas qu'ils ont été les pyromanes de la coupure".

Malgré tout, MM Garrec et Fossé se rencontrent le 29 février 1988 mais ce sera un échec car mettre le CR à Caen et la préfecture à Rouen ne convient ni à M Girault ni à M Lecanuet...

Décembre 1990 faute d'avoir pu convaincre les Conseils généraux bas normands, René Garrec et Jean-Marie Giraut, Jean Lecanuet jette l'éponge de la réunification normande par les assemblées territoriales. On va essayer par la coopération métropolitaine entre Caen, Rouen et Le Havre: ce sera la future association "Normandie Métropole" qui sera flinguée par le maire UMP Brigitte Le Brethon et mise, depuis peu, en sommeil avec les conséquences que nous savons (arrivée du Grand Paris version Grumbach)

Printemps 1993: le conseil régional de Basse Normandie refuse de participer au financement de la construction du Pont de Normandie.

Janvier 1995: le pont de Normandie est achevé mais la chaussée de la future A29 reste à faire du côté du Pays d'Auge car les élus de droite au conseil général du Calvados craignent l'invasion des "bolchéviks" (sic!) sur les plages de la Côte fleurie.

C'est l'époque aussi où Mme Ameline repousse l'idée d'Antoine Rufenacht d'une coopération métropolitaine sur l'Estuaire entre Honfleur et Le Havre...

Juin 1998, Garrec est réélu au CRBN et le socialiste Alain Levern est élu au 3ème tour de scrutin à la présidence du CRHN suite à la démission de JP Gauzès qui avait été élu avec le soutien du Front National...

Décembre 1999 c'est aussi l'échec de la proposition de loi tendant à la réunification de la Normandie déposée par le député centriste Hervé MORIN et que certains élus de droite bas-normands oublieront de voter!

La suite, le début des années 2000, on la connaît mieux: les rencontres d'Alain Levern avec un René Garrec qui n'a jamais cru réellement à la réunification (deux bretons, ces deux là, ça aurait pu faciliter les choses...)

La tentative un peu maladroite de Jean-Pierre Raffarin de débloquer les choses à l'occasion de l'ACTE 2 de la décentralisation avec la labellisation de la métropole normande en réseau par la DATAR, la mission Frémont pour l'aménagement du Bassin Parisien et le recours au référendum pour dépasser le blocage des assemblées d'élus...

Et enfin l'arrivée de la gauche en 2004 au CRBN: présente dans les deux CR normands mais aussi depuis 2008 à la tête des agglos de Caen et de Rouen, la gauche a donc le DEVOIR de ne pas FAIRE COMME LA DROITE qui cherche aujourd'hui à masquer sa responsabilité dans le déclin actuel de notre région...

Je m'excuse donc d'avoir été trop long mais il fallait rappeler quelques faits sinon quelques vérités...

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Conseil Régional Basse Normandie

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