Laurent Beauvais - Le blog

Pour se ressourcer : "Que faire ?" d'Alain Badiou et Marcel Gauchet

Ce petit livre " Que faire ? " dialogue entre Alain badiou et Marcel Gauchet sur "le communisme, le capitalisme et l'avenir de la démocratie " ( Philosophie éditions ), me parait d'actualité .

http://www.philomag.com/les-idees/alain-badiou-marcel-gauchet-que-faire-10363

A l'heure où le PS prépare ses états généraux dans une ambiance de trouble doctrinal , la lecture de ce dialogue entre un tenant d'un communisme revisité et un partisan de la démocratie renforcée , est très intéressant .

Je reste du côté de Marcel Gauchet , mais l'analyse d'Alain Badiou est rafraichissante pour ceux qui, comme moi, ont traversé dans leur jeunesse les brumes marxistes .

Récupérer Jaurès ?

Je manifeste mon irritation face à certains journalistes ou experts en socialisme qui veulent mettre Jaurès dans l'actualité de ce début de XXI ième siècle .

Ainsi du Journal du Dimanche et de Jean Luc Mélenchon .. triste époque !

http://www.lejdd.fr/Politique/Melenchon-Jaures-reviens-Ils-ont-change-de-camp-677766

http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/07/31/au-cafe-du-croissant-une-gauche-eclatee-reclame-l-heritage-de-jaures_4465341_823448.html

Centenaire de la mort de Jean Jaurès

A l'occasion du centième anniversaire de la mort de Jean Jaurès , la fondation éponyme vient de publier un petit ouvrage regroupant des textes de la jeunesse républicaine et de la maturité socialiste du tribun , assassiné le 31 juillet 1914 . ( titre de l'ouvrage : "Ainsi nous parle Jean Jaurès " )

Je me poserai toujours des questions insolubles et peut être vaines à propos de Jaurès . Et s'il n'avait pas été assassiné à l'âge de 55 ans ? Aurait-il rejoint le gouvernement pendant la guerre et aurait il cheminé aux côtés de son grand adversaire George Clémenceau ? Comment se serait--il comporté au congrès de Tours en 1921 ? Aurait il soutenu le cartel des gauches en 1924 et, grandissant en âge à 77 ans,  aurait il accompagné Léon Blum d'une façon ou d'une autre dans le Front populaire en 1936 ? Ou bien son action aurait- elle débouché sur d'autres évolutions politiques et d'autres issues  face à la montée de l'hitlérisme ?

Le retour de la "convivialité" ?

Au début des années soixante dix , au moment de mes études , j'ai beaucoup lu Ivan Illich , cet intellectuel foisonnant, installé au Mexique , qui a écrit un grand nombre d'ouvrages remettant en cause , sur une base que nous dirions aujourd'hui principalement écologiste , les fondements d'une société capitaliste sortant difficilement de la contestation des années soixante .

Un de ses ouvrage s'intitule " la convivialité " ( èditions du Seuil 1973 ) et fonde ainsi les bases d'un courant de pensée radical qui , apparement, renait aujourd 'hui avec le "Manifeste convivialiste " publié par Alain Caillé , digne successeur de la pensée d'Illich.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Illich

http://lesconvivialistes.fr/?page_id=8

http://www.amazon.fr/Pour-manifeste-convivialisme-Alain-Caill%C3%A9/dp/2356871411

Il faut comprendre ce "retour " . Notre monde d'aujourd'hui exprime, d'une certaine façon,  les mêmes angoisses face aux limites du modèle capitaliste en crise , déja ressenties il y plus de 40 ans à la fin des "trentes glorieuses " .

Je m' étais éloigné  de cette analyse , entrant dans l'univers de la sociale démocratie  du PS qui aujourd'hui gère , par ce "socialisme de l'offre" , la crise de l'Euro et du modèle économique dominant.

Faut -il y revenir , tant les critiques de l'action du gouvernement sont actuellement virulentes à gauche et notamment dans la pensée écologique ?  

On peut se reporter à un papier des "Inrockuptibles " de la  semaine dernière pour en savoir plus sur ce " vieux rêve qui bouge " ....  .

http://www.lekiosk.com/article-1649949-vieux-reve-qui-bouge.html

 

"Socialisme de l'offre " ?

Beaucoup de commentateurs cherchent , quand ils sont bienveillants , à définir la politique économique du gouvernement . Les difficultées immenses que rencontre notre pays accroissent  cette pression à mieux expliciter " le cap ", par référence à une doctrine ou une pensée dans le domaine économique.

Les récentes initiatives prises par le président Hollande en direction des entreprises  après le lancement du Pacte de compétitivité pour l'emploi et l'action de Louis Gallois, relancent cette recherche de compréhension ou d'explicitation.

La notion de "socialisme de l'offre " apparait ainsi pour simplement signifier que la gauche qui gouverne parie davantage sur la compétitivité des entreprises sur le marché mondial que sur les effets de la  demande interne par un pouvour d'achat relancé ou une dépense publique accrue.

la gauche doit rejetter  la politique d'inspiration libérale qui  conjugue trop systématiquement  réduction de la dépense publique et allègements de charges  pour les entreprises . C'est depuis le début des années quatre vingt le crédo des politiques  de "l'offre"  par opposition à celles de la "demande" . L'Allemagne depuis Schroeder en est un exemple plus récent .  C'est pourquoi parler  de "socialisme de l'offre " peut vouloir signifier que  la recherche de la justice sociale et fiscale ainsi que la volonté de donner au secteur public un rôle maintenu en matière industrielle, restent des données majeures. L'action en direction de l'offre porte alors sur le secteur économique privé  pour accroitre  sa capacité à produire et vendre par l'innovation et la formation dans une économie de marché mondiale hyper concurrentielle .Ceci signifie aussi   l'abandon d' " une relance " de  l'activité économique par la demande , la dépense publique ou tout procédé d'injection de liquidités dans l'économie . La gauche a toujours été "keynésienne " , c'est en celà que la signification d'une "socialisme de l'offre " peut apparaitre stimulant pour mieux comprendre ce que le gouvernement tarde à mieux expliciter .

Suis-je clair ?

Tout ceci ne me semble  pas le résultat d'un débat politique au sein du PS . Voilà le "hic" !

La révolution environnementale et les élections régionales de 2010

Je passe un peu de temps à lire et à réfléchir sur l'avenir de notre économie à l'aune de la crise financière et environnementale qui frappe notre quotidien, partout ou presque dans le monde.
La préparation du projet de gauche que je veux porter avec mes colistiers pour les prochaines régionales m'incite tout particulièrement à finaliser cette réflexion. D'autant plus que je veux que la gauche, et plus particulèrement le PS, soit entendue et jugée crédible .

Je conseille deux lectures  à celles et à ceux, qui comme moi, cherchent un chemin autre que celui proposé par la droite (une écologie "populaire" c'est-à-dire un semblant libérale et je le crains toujours productiviste ! ) ou par mes amis verts que je juge parfois loin des réalités sociales et qui ne me paraissent pas assez faire confiance à l'innovation.

+ Première lecture : le dernier livre de Daniel COHEN qui me semble l'économiste de gauche le plus prolixe et le plus prometteur : "La prospérité du vice" paru chez Albin Michel (je conseille notamment la lecture des chapitres sur le "krach écologique ").
+ Deuxième  lecture : les deux derniers numéros de la revue Esprit : " Les contrecoups de la crise" (novembre 2009)  et  "Retour sur terre, retour à nos limittes" (décembre 2009). Beaucoup de textes intéressants, notamment des échanges entre Michel AGLIETTA (autre économiste de gauche passionnant) et Alain LIPIETZ, ancien député européen vert, sont à lire.  
En fait, c'est d'une synthèse à laquelle j'aspire entre le socialisme, né au XIX^e siécle et bien essouflé en ces temps de remise en cause, et l'écologie qui prend aujourd'hui sa place dans le paysage idéologique du XXI^e siècle .