Dans le cahier spécial des Échos : L’AUDIT DES REGIONS • L’AUDIT DES REGIONS 2010, Philippe Legueltel, le correspondant des Échos pour la Basse-Normandie, écrit dans le n° 20631 du 09 Mars 2010 • page 18 :
L’industrie résiste en montant en gamme
L'équipe sortante a misé sur l'innovation, le soutien aux grands équipements de recherche et l'emploi. Mais il aura fallu pour cela augmenter substantiellement les impôts. L'opposition critique la faiblesse des investissements et leur saupoudrage.
En arrivant à la tête de la région, en 2004, Philippe Duron (PS) avait promis de faire passer le budget recherche et innovation de 2 % du budget régional à 5 % en 2010. Avec 4,68 % (30 millions d'euros), l'objectif est presque atteint. « C'est un enjeu fondamental pour le développement et l'attractivité du territoire bas-normand », reste persuadé Laurent Beauvais, successeur de Philippe Duron en 2008. Autour du Ganil (Grand Accélérateur national à ions lourds) du CHU ou de la plate-forme Cyceron, au nord de Caen, les équipes de recherche sont nombreuses, tout comme les projets. « C'est positif, admet Philippe Augier, tête de liste UMP dans le Calvados, mais insuffisant et surtout cela manque de visibilité. »
Si, depuis 2004, le budget (739 millions en 2010) a progressé de 48 %, la collectivité a maintenu ses dépenses d'investissement autour de 200 millions par an (soit + 0,6 % sur la période 2004-2010). « L'équipe sortante a échoué, la priorité n'a pas été donnée au développement économique qu'elle n'a pas accompagné. L'investissement a même chuté par rapport à 1998-2004. Et, trop souvent, cela a été du saupoudrage », critique Philippe Augier.
Candidat à sa propre succession, Laurent Beauvais conteste le jugement, estimant que l'on pourrait même intégrer une partie du fonctionnement à l'investissement quand il s'agit, notamment, de formation. Avec un taux de chômage de 8,7 % en 2009 (8,4 % en 2004), la Basse-Normandie (1,46 million d'habitants) a voulu aider l'emploi, au-delà de son aide traditionnelle à la formation professionnelle et à l'apprentissage, par la mise en place des emplois-tremplins. Ceux-ci, accompagnant les associations d'utilité sociale dans leurs projets de développement, restent très critiqués. Seulement 500 emplois de cette nature ont ainsi été créés depuis 2005. « Ce sont des emplois aidés sur quatre ans, mais quid de leur pérennisation à l'issue de cette période ? Or, ils devraient être proposés dans les entreprises qui créent de la richesse et qui ont les moyens de les pérenniser », proteste Philippe Augier.
« Volontarisme territorial »
Tous ces efforts n'ont pas été sans conséquences sur l'évolution des taux de fiscalité (+ 31,3 % entre 2005 et 2009) et sur les dépenses de fonctionnement (+ 65 % de 2005 à 2009). Soulagement pour la région, l'agence Fitch Ratings vient de délivrer un AA+ à la région, soulignant les « très bonnes performances budgétaires de la Basse-Normandie, sa capacité d'autofinancement élevée et son faible niveau de dette ».
Dans son soutien, depuis 2005, aux pôles de compétitivité (la Basse-Normandie en compte quatre dont deux en commun avec d'autres régions) ainsi qu'aux filières qu'elle a souhaité structurer, la collectivité a tenu, illustration de son « volontarisme territorial », à accompagner de grands projets industriels privés. Près de 20 millions d'euros ont été engagés, de NXP, aux portes de Caen, à Faurecia, aux portes de Flers (Orne). « Avec ce dernier projet, la région est intervenue à la fois sur le développement économique, l'offre de formation et l'apprentissage », souligne Laurent Beauvais. Ce que l'opposition ne conteste pas.