Les récentes déclarations d’Antoine Rufenacht, Maire du Havre, sur le Grand Paris constituent à mon sens une menace pour la Basse-Nornandie.
Il a pourtant a été, pendant de longues années, un des défenseurs acharné du processus de rapprochement des deux Régions autour de l’Estuaire de la Seine, espace de développement auquel je crois. Il est allé jusqu’à proposer en 2005 la création d’une communauté urbaine autour de l’Estuaire. Aujourd’hui, il tourne brutalement le dos à la Basse-Normandie. En faisant de l’axe de la Seine, tel que défini par le projet du Grand Paris, l’unique colonne vertébrale de la Normandie, le maire du Havre ôte à la Basse-Normandie toute perspective de développement.
La colonne vertébrale de la Normandie réunifiée doit être la Ligne Grande Vitesse (LGV) qui, par un Y, peut relier Caen, Rouen et le Havre à Paris et permettra d’irriguer tout notre territoire. Toute autre hypothèse ne conduira qu’à une marginalisation de la Basse-Normandie et de ses habitants.
Je souhaite lui rappeler que les collectivités Bas-Normandes rassemblées ont su donner au projet de Ligne à Grande Vitesse (LGV) lancé par le Président de la République, une dimension pleinement normande, cohérente avec la perspective du Grand Paris. La préparation du débat public, pilotée par Jean-Pierre Duport, intègre désormais cette dimension normande.
Je ne peux accepter les perspectives défendues par le maire du Havre. C’est pourquoi, je les condamne avec force et appelle les Bas-Normands et les Bas-Normandes de toutes sensibilités à se prononcer pour une Basse-Normandie qui puisse poursuivre le processus engagé depuis 2004 avec la Haute-Normandie, dans des conditions qui assurent l’unité de notre région et lui garantisse, via le projet de ligne à Grande Vitesse (LGV) et les coopérations interrégionales qui ont été engagées, des perspectives nouvelles de développement économique durable.
C'est la position que je défendrai, en leur nom, le 18 février prochain lors de mon audition devant la commission du Sénat en charge du Projet du Grand Paris.
Rufenacht est un "réunificateur" plutôt manipulateur:
Il est trop intelligent pour considérer qu'un Val de Seine peut se permettre d'ignorer la vraie région qu'il traverse et irrigue, il est trop fin géographe pour ignorer qu'un Estuaire a toujours deux rives et que la nouvelle Directive Territoriale d'Aménagement que prépare l'Etat ira de Cherbourg à Dieppe englobant toute la Baie de Seine...
Enfin et surtout, Rufenacht est trop subtil pour ignorer les risques d'un corridor industriel et urbain Paris-Le Havre, tel que voulu par Antoine Grumbach car, dans cette configuration qui rappelle les erreurs du passé (cf. le SDAU de la Basse Seine ou "Plan Delouvrier" de 1965 qui a eu pour conséquence de faire de la Haute Normandie une annexe industrielle de la région parisienne et de faire disparaitre Rouen de la liste des grandes métropoles régionales françaises), rien, absolument rien, ne garantit que Le Havre, "port de PARIS" soit piloté... du Havre!
Rufenacht sait tout cela j'en suis certain, lui ayant déjà écrit plusieurs fois sur ce sujet (et le maire du Havre a, d'ailleurs, toujours pris le soin de me répondre à chaque fois): la dernière fois, justement, je lui rappelais qu'en 1938, Jean-Paul SARTRE, alors prof de philo au lycée du Havre, avait situé l'action de son roman "la Nausée" dans une ville nommée...
BOUVILLE
Antoine Rufenacht avait apprécié la remarque à sa juste valeur: si Le Havre est au bout du tuyau d'aspirateur du Grand Paris, ignorant la région, l'Estuaire et la baie, alors Le Havre ne sera qu'un Bouville portuaire subissant la concurrence directe d'Anvers.
Rufenacht sait très bien que l'organisation d'une vraie région normande permettrait au Havre d'avoir "l'hinterland" nécessaire pour ne pas être QUE le port de Paris:
Avec une vraie région normande, Le Havre pourrait être aussi le vrai avant-port européen!
Rufenacht est conscient de tout cela, ainsi que des propositions intelligentes du rapport "Tourret" en faveur d'une coopération métropolitaine renforcée entre Caen et Le Havre autour d'un Estuaire ouvert sur l'Angleterre et le Monde...
Alors pourquoi le président du comité de soutien de la candidature de Bruno Lemaire au CRHN, nous inflige-t-il une "nausée" normande en annonçant que le député-maire de Caen ne serait pas invité le 4 mai prochain au colloque qu'il organise pour penser le "volet normand du Grand Paris"?
Pour régler ses comptes, une fois de plus avec Rouen, en utilisant Philippe Duron (qui a bien fait de réagir vite et vivement et de façon argumentée) pour diviser les élus socialistes en Normandie qui, il faut être honnête, ne sont pas d'accord sur les modalités de la fusion régionale normande (question de la "capitale")?
J'avoue, moi aussi, ressentir une "nausée normande" assez forte face à certains grands élus en Normandie qui peinent à se mettre au service d'un intérêt général régional en Normandie:
ces calculs politiciens nous font perdre un temps précieux et ne sont pas à l'honneur de l'engagement politique...
Le 4 mai prochain, apparait d'ores et déjà comme le 3ème tour des élections régionales car la résolution de l'équation normande est encore devant nous: si Caen n'est pas associée au Havre et à Rouen dans cette réflexion, alors rien ne pourra être résolu et nous subirons, comme d'habitude, les conséquences de décisions prises ailleurs...
S'il est confirmé que Philippe Duron n'est pas invité au Havre le 4 mai prochain, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë ne doivent pas aller à ...
Bouville!
Rédigé par : Philippe CLERIS | 21 janvier 2010 à 16:49
Monsieur Le Président,
dès l'origine de ce projet de rapprochement, on devine bien que la Haute Normandie n'est intéressée que par la fusion que si elle peut mettre la main sur le patrimoine touristique de la côté calvadosienne et du Pays d'Auge et surtout garder l'essentiel des pouvoirs et attractivités autour de Rouen / Le Havre.. Le reste lui importe peu... Né à Argentan, ayant vécu 8 ans au Havre, je connais bien les mentalités hautes-normandes (plus urbaines et conquérantes), qui n'ont rien à voir avec celles de la Basse-Normandie(forcément plus terrienne et timides)...
Personnellement, et je détonne je sais, je suis contre une seule Normandie. ça n'a aucun sens en terme d'identité historique (qu'ont en commun un habitant d'Eu et de Pontorson ?. On n'évoque jamais d'autres solutions ...Je milite davantage pour une région "Maine Normandie" (comme le parc naturel) où le Calvados, l'Orne l'Eure et la Sarthe, voire la Manche formeraient un ensemble bien plus homogène autour du chemin de fer (un axe nord sud Cherbourg / Caen / Le Mans) bien plus structurant que ce triangle a priori rêvé mais trompeur et qui exclue, que serait Le Havre / Rouen / Caen). La toute puissante Seine Maritime rejoidrait une région qui pourrait s'appeler "Craie et Somme")et donnerait un contrepoids maritime à Amiens. Si cette fusion Hte&Bndie voit le jour, soyons assuré qu'elle risque de se faire inévitablement au détriment des bas-normands (ne paupérisons pas davantage le sud de la ligne Bayeux / Lisieux) malgré tout les efforts que vous déploierez pour défendre nos intérêts...
Rédigé par : S. RIchez | 22 janvier 2010 à 09:50
A monsieur Richez:
Attention à la politique de Gribouille! Si l'on craint à ce point la pluie de la réunification normande évitons au moins de nous jeter dans quelques rivières chimériques (la Basse-Normandie, haut-normande avec le Pays d'Auge ne peut ignorer l'estuaire et le val de Seine!)ou encore de plonger tête baissée dans un Grand Ouest déjà piloté à Nantes et Rennes, cette dernière ville concurrence d'ailleurs directement la ville de Caen dans ce qu'elle devrait faire de mieux: attirer et fixer notre jeunesse! Quant à la Haute-Normandie, elle n'est pas si haute que cela puisqu'elle doit aujourd'hui trancher son destin: être définitivement une banlieue industrielle soumise au "Grand Paris" ou s'unir à la Basse-Normandie qui ne doit pas être une marge du grand Ouest parisien ou du grand Ouest breton! Les deux régions administratives normandes ont l'obligation d'être solidaires face à ces défis communs. Quant à l'identité régionale normande, elle est la plus historique et la plus prestigieuse parmi les identités régionales en France.
C'est pourquoi, cher Monsieur, vous illustrez hélas parfaitement le paradoxe normand: la Normandie est une évidence pour les autres Français, pour tous les touristes étrangers, pour Barack Obama sauf pour certains normands qui ont du mal à connaitre et à reconnaitre leur région avec toutes les conséquences culturelles, sociétales ou économiques: l'un des freins au dynamisme économique en Normandie provient aussi d'un certain manque de fierté régionale normande! On se demande bien pourquoi!
Il faut donc cesser d'avoir peur et de nous plaindre: il faut agir, en faisant la fusion régionale normande par exemple et en défendant ici les projets nécessaires au maintien de l'avenir...ici!
Rédigé par : Philippe CLERIS | 25 janvier 2010 à 00:25